Les raisons d’un "échec" ?
dimanche 25 janvier 2015 -
Sources : Forum phyto et Lien Horticole.
Les premières années du plan Ecophyto : un échec ? vraiment ?
A écouter ou lire les médias ces derniers temps, le plan Ecophyto issu du Grenelle de l’environnement est un échec : les pesticides sont toujours plus utilisés et le gouvernement demande à Dominique Potier, député, de faire un nouveau plan pour pallier les carences du précédent.
Le ministère de l’agriculture dans la note de suivi Ecophyto 2014 publiée sur son site fait une analyse détaillée de l’évolution de l’utilisation des produits phytosanitaires de 2008 à 2013. Il explique par exemple toutes les actions mises en place dans le cadre d’Ecophyto ou encore l’augmentation de l’utilisation des fongicides en 2013 dûe aux circonstances climatiques.
Mais, restant fixé sur des critères quantitatifs depuis 2008, ne tenant pas compte des évolutions précédentes, ni de l’évolution du profil des substances utilisées, ni de critères d’impact, il constate une augmentation, en particulier entre 2012 et 2013.
A la fin de cette note de suivi, le ministère note toutefois la baisse importante du recours à des produits de profil défavorable et l’augmentation du recours aux produits de biocontrôle.
Le bilan d’Ecophyto dans les médias
Les médias n’ont retenu de cet exercice qu’un seul constat : l’échec du premier plan Ecophyto. Par exemple : « Malgré les alertes, le recours aux pesticides ne cesse d’augmenter » pour Le Monde (abonnés). Ou « Constat d’échec pour le plan Ecophyto » pour Good Planet. « Les pesticides font toujours de la résistance » pour La Croix.
Générations Futures, ONG anti-pesticides par principe, titre « Ecophyto : les chiffres montrent une augmentation de la dépendance de notre agriculture aux pesticides » et « appelle le gouvernement à fixer des objectifs de réduction obligatoire par culture ».
Et personne ne s’interroge sur les raisons de cet "échec". Toujours aussi peu réalistes la plupart des commentateurs pensent qu’il faut , tout en actant l’échec, durcir les contraintes. Pensent -ils vraiment qu’au prix exhorbitant des insecticides et des herbicides les agriculteurs font exprès de jeter l’argent par la fenêtre ! Quel ingénuité !!
Le point de vue des producteurs
Sur plusieurs points, le plan Ecophyto est effectivement un échec.
- En fixant les indicateurs de volume (« NODU » et « IFT ») comme objectifs prioritaires, voire quasi-uniques, l’échec était par avance assuré. Ces indicateurs ne sont en rien significatifs, ni des efforts des producteurs, ni de la réduction des impacts sur l’environnement et la santé.
- En se focalisant sur la réduction des pesticides en volume, le plan Ecophyto instille l’idée que tous les pesticides et tous leurs utilisateurs sont « mauvais ». Oubliant que les pesticides, conventionnels ou bios, sont indispensables à une production en quantité, de qualité et abordable pour le consommateur.
- Avec deux conséquences majeures pour le plan Ecophyto : ne pas emporter la complète adhésion des producteurs, et dresser un mur d’incompréhension entre producteurs et citoyens.
Le défouloir des ZNA
Voyant le plantage arriver les bons esprits ont décidé de se refaire une santé sur les ZNA soulageant ainsi le monde agricole. D’où toutes les modifications récentes avec avancement des calendriers. On vous dira que les propriétaires de palmiers auraient tort de se plaindre car il existe une dérogation générale pour les espèces envahissantes. Mais qu’est-ce qu’une espèce envahissante ?. Le CRP insecte de quarantaine semble pouvoir rester sous le feu, d’un unique insecticide, mais quid du Paysandisia Archon ? Qui pense sérieusement s’en débarrasser avec seulement des nématodes ou des champignons entomopathogènes ?
Mais le plan Ecophyto est aussi un succès.
- De nombreuses actions du plan Ecophyto sont reconnues par les producteurs et ont été mises en place rapidement : amélioration des matériels, du local phyto et du poste de remplissage, formations Certiphyto, outils pour la sécurité de l’applicateur, développement des outils de protection intégrée des cultures, développement du biocontrôle.
- Le plan Ecophyto a indéniablement été un facteur de mobilisation des producteurs et de leurs conseillers pour un approfondissement de l’application de la protection intégrée.
Conclusion : les dogmatiques sont les pires des conseillers, interdire ne sert à rien, il faut toujours proposer des solutions de remplacement avec des conditions économiques acceptables. Énormément de décisions autour du Grenelle de l’environnement ont été labellisées "yaka faucon".
Aujourd’hui, la réalité reprend ses droits. Nous avons encore un énorme effort de recherche pour trouver les solutions de biocontrôle efficaces et économiquement praticables. C’est un challenge absolument passionnant, le rôle du gouvernement est de "booster" toutes ces filières pour qu’elle retrouvent le chemin de la compétitivité.
Réponse du ministre de la méthode "Coué" :
Mais loin de nous l’idée de critiquer Stéphane le Foll, l’homme qui au milieu de tant de démissions a tenu parole en permettant l’avènement de la stratégie numéro 3, Nous ne l’oublierons pas...