Les experts sont mobilisés (??)
samedi 15 août 2015 -
Pleine première page du Figaro : un phoenix miné par le charançon... " Ces nouvelles maladies qui ravagent les arbres en France ". Formidable... pour nous, le relais de la Presse Nationale, mais notre enthousiasme est vite tempéré au constat, qu’il ne s’agit pas d’une maladie, que le phénomène n’est pas récent du tout, et que, ce végétal n’est pas un arbre.
Plus, l’article ne fait quasiment aucune place au charançon rouge ni au papillon palmivore . Nos ravageurs font simplement partie d’un catalogue d’affreux qui vont ruiner notre biodiversité végétale .
La Xylella fastidiosa, plus récente et la plus médiatique, la pyrale du buis, la processionnaire du pin, le chancre coloré du platane, le cynips du châtaignier, l’agrile du frene, la graphiose de l’orme, le nématode du pin, le Red Ring Rot du laricio..... Toutes ces menaces n’ont rien de franco-français, et sont connues partout en Europe et dans le Monde.
Au-delà de cet inventaire, quels enseignements la journaliste veut-elle nous transmettre ? Que ces phénomènes sont pour l’essentiel provoqués par l’accélération des échanges entre les différents continents frappés également par des changements climatiques. Évidemment . Qu’il faut mieux contrôler les échanges ? Assurément. Mais, ce qui est possible à l’échelle de petits territoires (exemple Île de la Réunion) est illusoire au niveau européen dont les frontières sont contrôlées par tous, c’est-à-dire souvent par personne.
Mais le plus frappant est l’avis supposé des experts qui semblent totalement passifs face à ces phénomènes et ne proposent aucune solution pratique, écartent sans le justifier des méthodes connues et éprouvées comme l’application de fongicides et d’insecticides, solutions, qui auraient pourtant pour effet de contenir le phénomène dans l’attente peut-être de méthodes plus ciblées d’éradication.
D’une façon générale, nous partageons tout à fait l’avis du ministère qui fait la promotion en agriculture et en ZNA des solutions de bio-contrôle. Mais c’est un dossier gigantesque, il faut encore que ces solutions existent et qu’elles soient économiquement réalistes. On pourrait être plus accommodant dans le secteur ZNA.
Pour ce qui concerne les ravageurs du palmier, il faut se rendre à l’évidence, depuis 2010, l’unique innovation avec AMM est le fruit de la recherche privée, l’insecticide EMAB, nom commercial REVIVE, firme Syngenta . Recherche ou Industrie, public ou privé, rien sur les phéromones, rien sur la lutte biologique, rien sur les méthodes de piégeage, rien sur le répulsif, rien sur l’olfactif, rien sur l’acoustique........ et nous ne parlons pas seulement produits, mais également de documentation ou les textes en français se comptent sur les doigts de la main.
Dés lors , nous nous considérons légitimes à traiter sur le mode ironique l’affirmation de la journaliste Marielle Court : " les experts sont mobilisés, les scientifiques travaillent d’arrache-pied"
Ceci est un constat et non un jugement sur la qualité de notre recherche qui n’est plus à prouver. Mais il y a certainement une volonté politique insuffisante, une coordination perfectible entre les unités de recherche, un déficit de recherche appliquée, un manque évident de fonds publics et privés.
Dernière observation sur l’expédition chinoise : Il faut hiérarchiser : à quoi sert-il de tenter de deviner en terre de Chine des futures menaces pour notre biodiversité alors même, que nous ne maîtrisons à peu près rien de ce qui nous arrive aujourd’hui !