Edito de décembre 2018
dimanche 13 janvier 2019 -
Chers amis et passionnés du palmier,
Aucun doute, l’événement du mois est la sortie du rapport de l’Anses "Stratégies de lutte contre le charançon rouge du palmier", qui valide les préconisations de la FAO et du CIHEAM.
Satisfaction, nous en avons été officiellement informés par le département communication de l’Agence en tant qu’organisation représentative mais… en même temps que la Presse. Instantanément, une dépêche AFP annonçait sans nuance que les palmiers français étaient condamnés.... La nouvelle s’est répandue comme une nuée ardente et voilà que plus de 100 articles copier-coller ont été publiés par des journalistes peu enclins à faire de l’investigation (sauf Var matin et Corse-Matin).
Dans l’esprit "une bataille perdue mais certainement pas la guerre", nous avons immédiatement réagi par une intervention sur Radio France Provence, et par une citation dans un article du Figaro jardin. Nous avons par ailleurs plusieurs communications en préparation, ainsi que des entretiens avec plusieurs personnalités politiques majeures de la région qui nous ont exprimé leur soutien.
Nous sommes à présent en train de définir clairement et collégialement la position de notre association. Voici quelques réflexions préliminaires à ce sujet.
Il n’est évidemment pas question pour nous de contester les conclusions générales de cet important rapport, conforme à toutes les normes internationales en la matière et rédigé par un aréopage de scientifiques qui, sur le fond, fait le constat après celui de la Commission Européenne, que la lutte pour l’éradication du CRP est un échec.
Notre première considération est tout de même, sans faire de chasse aux sorcières, de s’interroger sur les responsabilités des différentes strates du pouvoir administratif. Ceci pourrait être du plus grand secours en ce qui concerne la zone atlantique où l’éradication serait encore possible, à condition de ne pas reproduire les mêmes erreurs qui n’ont pas vraiment été analysées.....
Notre seconde piste de réflexion en cours, et nous touchons là au cœur du problème, est de savoir si cet échec est du à un problème d’organisation ou à un problème de protocoles et de produits.
Nous y reviendrons longuement et de manière détaillée, mais nous pensons déjà qu’il ne s’agit pas seulement d’un problème d’organisation (nous avons d’ailleurs régulièrement brocardé la lutte dite collective en lutte collectiviste !!!).
L’efficacité des stratégies de lutte est essentiellement, selon nous, un problème de protocoles et de produits. En matière de protocoles, nous préconisons nous aussi l’intérêt d’une lutte massive notamment en matière de piégeage. SNP est légitimement fière par ailleurs que sa veille technologique lui ait permis de faire émerger toute une série de produits innovants :
- les détecteurs acoustiques AGRINT ;
- la nouvelle souche Beauveria 203 de GLEN BIOTECH ;
- le piégeage de lutte et ses avancées en matière de maintenance, entre autre les pièges intelligents à zéro maintenance ;
- les pratiques TIS (traitements par insecte stérile dite aussi lutte autocide) que nous avons évoquées des 2012 lors d’une prise de contact sans lendemain avec l’entreprise OXITEC ;
Nous pensons qu’il faut aussi soutenir les recherches relatives aux bactéries, à l’écologie chimique, etc... préconisées par le rapport de l’Anses, ainsi que la prise en compte de l’impact conjoint d’un autre ravageur, le papillon palmivore Paysandisia archon.
Il y a à tout cela un dominateur commun, le fait que les molécules phytosanitaires ne sont qu’une solution transitoire, destinée à faire baisser les populations à un niveau compatible avec la lutte biologique. Cette analyse se heurte hélas à des réalités commerciales incompréhensibles dont des situations de monopole que nous dénonçons.
Nous demandons donc que les stratégies à venir se coordonnent désormais avec les travaux de la FAO et plus particulièrement son partenaire du CIHEAM dont le siège se trouve en France.
Ps. Nous n’avons eu aucune hésitation à baptiser notre dernière conférence à La Farlède "Les défis de l’aprés phyto", cela veut tout dire...
Hervé Pietra